vendredi, mars 23, 2007

Fable et préjugés

Le Loup et l'Agneau
Les fables de La Fontaine


Un Agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.

Un Loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
"Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.

- Sire, répond l'Agneau, que votre Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'Elle ;
Et que par conséquent, en aucune façon.
Je ne puis troubler sa boisson.

- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle ;
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.

- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère.

- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.

- Je n'en ai point.

- C'est donc quelqu'un des tiens ;
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge."

Là-dessus, au fond des forêts
Le Loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.


Voilà comment je me suis sentie lorsque j'ai travaillé à Toronto en 1989. Moi qui ne suis pas politisée, voilà que j'incarnais malgré moi (à cause de mon accent francophone lorsque je parle anglais et de mes origines montréalaises), pour beaucoup de torontois, les québécois séparatistes et toute la haine que cela représente... Inutile de vous dire que ce séjour n'a pas été tellement apprécié.

6 commentaires:

Anonyme a dit...

J'ai un ami qui pris l'avion avec sa famille pour la Colombie-Britannique afin de se fait à l'idée de l'endroit avant d'y accepter un poste pour 3 années.
Lors d'un transit assez long à Toronto, il fût surpris du mépris de plusieurs personnes travaillants dans des commerces ou autres de l'aéroport envers lui-même et sa famille. (Moquerie de son accent, niaisage dans les commerces, etc...) Sa décision était pratiquement prisse de refuser l'emploi.
Une fois a Vancouver, grande surprise, tout les gens étaient très charleureux. En plus, tout le monde avait un accent, alors...
Il passa 3 merveilleuses années en Colombie-Britannique.

J'imagine qu'il doit y avoir deux sociétés distinctes au Canada!

Marchello a dit...

Annette, ton choix de rester libre et d'agir en fonction de tes choix sans être conformiste va te coûter cher tout au long de ta vie.

En ce sens je suis comme toi. Je n'ai jamais appris à faire comme tout le monde sans me poser des questions.

Je parierais que c'est ça qui a fait que l'ont-t-a rejetée. Évidemment on se sert de ce qui parait, comme ton accent francophone, pour justifier son attitude.

Marchello a dit...

Annette, est-ce parce que cette fable te fait que tu mets un chapeau sur le "a"?

Je me trouve spirituel! On écrit "fable" et non "fâble".

La Souimi a dit...

Toronto...Que de souvenirs pour moi...Mon mari y a passé tant de jours, de semaines, d'heures... J'en aurais long à raconter.
D'ailleurs, une anecdote me concernant est présente dans le livre de la Mère Indigne. Elle concerne un voyage que j'ai fait en train avec mes deux petites pour aller retrouver le chéri pendant le congé de Pâques..heheheh...
Mon mari a la chance d'avoir une mère qui a vécu aux États-Unis jusqu'à sa majorité. Donc, elle a éduqué ses enfants dans le bilinguisme. Ce qui a été un plus pour lui à Toronto.

Par contre, il passait souvent pour E.T. Exemple: Un jour, une collègue de là-bas allait avoir un bébé. Alors, comme cela, à l'heure du lunch, il a demandé: "Est-ce que tu vas l'allaiter?"
Il dit avoir vécu, à ce moment, une épreuve absolument indescriptible. Les gens autour de la table ont cessé de manger, l'ont regardé, ont considéré la question comme une insulte suprême. Vraiment....

Aussi, ils n'ont jamais compris pourquoi j'avais gardé mon nom de famille. Ils ont questionné la véracité de notre mariage parce que je n'ai jamais voulu perdre mon identité. Vraiment....

Tiens, chéri vient de lire ton billet. Il dit que puisqu'il était du siège social, d'une compagnie francophone, ils ne l'ont jamais confronté. Par contre, à chaque meeting qu'il faisait, jamais, au grand jamais, il n'aurait pu faire ses présentations en français.

Mais il y retourne encore et souvent. Il dit que ça va bien. Probablement parce qu'il n'a pas d'accent.....

Annette a dit...

Benton, contente que tu puisses partager et comprendre les émotions que j'ai ressenties. Dans la multinationale où j'ai adoré travailler, la langue parlée était le 'broken english' car tout le monde avait un accent quand ils parlaient en anglais et cela créait une atmosphère formidable. Je comprends donc le plaisir que ton ami a pu ressentir à Vancouver.

Marchello, les entreprises devraient en fait être prêtes à payer une prime pour une personne ayant une force de caractère et une indépendance d'esprit. Un de champs d'intérêt, c'est la gouvernance d'entreprises. L'indépendance d'esprit assure une bonne gestion des risques et une intégrité, indispensables à une saine gouvernance. Dommage que la nature humaine soit telle qu'elle est et que, dans les faits, il y ait un sérieux prix financier à payer pour maintenir son indépendance d'esprit, son respect de soi et des autres et son intégrité.

Souimi, oui avoir ou non l'accent français fait toute la différence à Toronto. De mon côté, même si je suis parfaitement bilingue (langue parlée et écrite), je n'ai jamais réussi à perdre mon accent malgré tous les encouragements à l'époque de mon prof d'anglais.

Anonyme a dit...

Au sujet des meeting... pardon, réunions avec présentation et en parlant de culture, Souimi m'a rappellé cette anecdote.

La compagnie où je travail fait une OPA sur un concurrent français et l'achète. On se retrouve alors dans nos bureau avec un comptable français... de France! Les présentations des comptables ont depuis des lustre toujours été présenté en français... même par des anglophones.
Or le comptable français nous présentait toujours la version anglaise! À chaque fois, on passait la remarque que ça prennait bien un français pour nous faire des présentations en anglais au Québec. (C'était dit avec humour)
À chaque fois, le comptable français était un peu honteux.

Dernièrement, le directeur nous a annoncé (il est français lui aussi!) que le comptable a eu une nouvelle promotion et qu'éventuellement un nouveau comptable va le remplacer. Sur ce, nous avons dit au directeur: "On espère que le nouveau comptable sera un anglophone, on est tanné d'avoir des présentation en anglais!" (C'était dit avec humour... et une p'tit pointe envers le directeur!)